Savez vous ce qu’est l’anosmie ? Je vous avoue que moi non plus je ne savais pas, avant de rencontrer la société grenobloise Aryballe lors du salon Viva Technology il y a quelques jours à Paris. L’anosmie est un trouble de l’odorat qui se traduit par une perte ou une diminution forte de la sensibilité aux odeurs. C’est pour tenter de remédier à ce problème qu’Aryballe a créé NeOse, un nez électronique.
Dit comme ca, quand on a senti des odeurs toute notre vie, l’anosmie peut ne pas paraitre très grave. Pourtant, cela a de nombreux effets néfastes sur la vie des personnes touchées par ce handicap:
- ne pas sentir les fuites de gaz
- Augmentation significative de la probabilité d’avoir un accident domestique
- Perte du rôle des odeurs dans les souvenirs, dans la sexualité, dans les conduites alimentaires
- Impossibilité de savoir quand ses vêtements sont sales
- Impossibilité de savoir si la nourriture n’est pas avariée
- Comment répondre à la question « est-ce que je sens mauvais ? »
- Comment s’acheter un parfum ?
- Comment le dire aux autres ?
- Qu’est-ce qu’une odeur ? une bonne odeur ? une mauvaise odeur ?
- Quelle odeur a mon bébé ? Dois-je le changer ?
- etc…
Ce trouble de l’odorat touche tout de même 1 à 2% de la population, et 15% dans le segment des personnes âgées. Aryballe a donc créé NeOse pour tenter d’aider les gens touchés par ce problème. Le dispositif portatif tient actuellement dans la main. Il aspire les odeurs via un ventilateur: les molécules vont ensuite venir se fixer, par affinité, à la surface d’une cinquantaine de nano-capteurs embarqués, qui imitent les récepteurs olfactifs humains. Une fois les molécules des odeurs fixées, une photo sera saisie de manière à transformer l’odeur en signature visuelle sous forme d’un code barre. Les informations collectées sont alors envoyées vers la base d’odeurs d’Aryballe, dans le cloud, puis analysées pour retrouver l’odeur associée à la signature visuelle. Pour l’instant la base ne reconnait que 150 odeurs, contre 10 000 pour un nez humain, mais la base est en constante progression, puisqu’elle apprend au fur et à mesure.
« Nous travaillons sur la sensibilité du nez et la spécificité des odeurs en augmentant le nombre de capteurs », explique le cofondateur de la start-up, Tristan Rousselle. « Pour atteindre la capacité du nez humain, il faut monter à 350 nanocapteurs. Nous enrichissons et améliorons aussi notre base grâce aux 200 informations recueillies par jour de la dizaine de produits en test sur le terrain. A terme, nous pourrons détecter des milliers d’odeurs différentes. »
Même si ce domaine parait un peu surprenant, il intéresse déjà de nombreux secteurs.
Milieu médical: En plus d’aider les personnes touchées par l’anosmie, il pourrait aider à la détection de certaines maladies associées à des odeurs caractéristiques et qui pourraient ainsi être décelées à un stade précoce.
Milieu environnemental et industriel: pour la détection et la meilleure gestion des nuisances olfactives, pour la détection de polluants et composés organiques volatils ou encore dans le cadre de contrôles dans l’industrie agro-alimentaire.
Pour le grand public aussi: l’installation de capteurs d’odeurs dans un réfrigérateur permettrait de contrôler et de gérer la conservation des aliments.
Preuve en est que la société Aryballe a réussi récemment une levée de fonds de 2,6 millions d’euros, ce qui va permettre à la jeune startup de poursuivre ses recherches et son développement.
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