Le successeur d’OS X Yosemite contient bien quelques nouveautés sur le plan fonctionnel (lire à ce sujet notre aperçu des nouveautés d’OS X El Capitan), mais le plus important n’est peut-être pas aussi visible. Les deux volets mis en avant par Apple sont l’expérience et les performances et c’est ce deuxième aspect qui nous intéresse ici.
Après des années de mises à jour qui ajoutaient des fonctions à OS X au détriment de la légèreté, Apple a fait des performances une priorité pour 10.11. La grosse nouveauté, c’est probablement l’utilisation de Metal pour améliorer les jeux et les interfaces, mais sur ce point, l’entreprise a travaillé sur tous les plans. On fait le point sur le gain de performances à attendre avec OS X El Capitan.
Metal accélère les jeux, OS X et les applications
Metal est apparu pour la première fois il y a un an, à l’occasion de la WWDC 2014. À l’époque, Apple réservait ces nouvelles API graphiques de bas niveau aux appareils iOS les plus récents. Cette technologie permet d’exploiter la carte graphique au plus près et d’offrir de bien meilleures performances graphiques (lire : Metal, le DirectX d’Apple ?).
D’emblée, on se disait que Metal n’allait pas rester exclusif à iOS et sans surprise, Apple l’a ajouté à OS X. Avec OS X El Capitan, les créateurs de jeux pourront obtenir de bien meilleures performances, ou aller plus loin en matière de graphismes, s’ils exploitent Metal. L’avantage étant qu’ils n’auront sans doute pas un gros travail à effectuer : la majorité des éditeurs exploitent des moteurs graphiques qui leur évitent d’avoir à tout refaire à chaque fois.
Ces moteurs, à commencer par Unreal Engine, sont souvent déjà passés à Metal. Par ailleurs, Feral et Aspyr, spécialisés dans l’adaptation de jeux Windows sur Mac, exploiteront eux aussi les nouvelles API d’OS X El Capitan.
Mais il n’y en a pas que pour les jeux, et même si le keynote leur a accordé beaucoup de place, ils n’intéressent pas tous les utilisateurs. Metal sera aussi utilisé par les applications exigeantes en matière de ressources graphiques et Apple a d’ailleurs évoqué le cas d’Adobe. L’éditeur a utilisé Metal pour ses logiciels et observé des gains importants, puisque dans certains cas, les performances ont été multipliées par huit.
Concrètement, cela veut dire que tous les logiciels qui manipulent les images, en 3D ou non, statiques ou en vidéo, devraient profiter de Metal. Pour le moment, il n’y a aucun logiciel qui exploite vraiment ces nouvelles API, mais Apple a donné quelques noms. Outre Adobe, Autodesk et The Foundry utilisent déjà Metal pour leurs produits. Avec à chaque fois le même constat : les gains de performance sont très impressionnants. The Foundry l’a intégré à Modo, son logiciel de création 3D et sans effectuer aucun travail d’optimisation, l’éditeur a obtenu des performances trois fois supérieures.
Les jeux et les logiciels professionnels ne concernent pas tout le monde. Plus proche du grand public, Pixelmator passera très certainement à Metal rapidement : ses concepteurs ont toujours suivi de près les technologies d’Apple et la version iOS exploite déjà cette API. Et Metal sera utile au-delà des logiciels dédiés aux images au sens strict. La version de Safari livrée avec OS X El Capitan en bénéficie elle aussi et la différence est surprenante pour les contenus exigeants, notamment ceux qui exploitent WebGL.
Nous avons essayé d’ouvrir cette page sur le même MacBook Pro Retina 15 pouces de mi-2012. Sous OS X Yosemite, l’animation est tellement saccadée que l’on ne peut plus interagir du tout et le site est si exigeant que Safari ne répond plus. Sous OS X El Capitan en revanche, l’animation est fluide, on peut cliquer sur une feuille et même si on sent que l’ordinateur travaille dur (le ventilateur se fait vite entendre), l’expérience reste agréable.
Metal servira plus largement encore, puisque le nouveau système d’exploitation l’exploite lui aussi pour son interface et ses animations. Jusque-là, OS X se contentait d’utiliser Core Animation et Core Graphics pour les générer. Metal chapeaute désormais le tout et promet des performances en progrès.
Cela ne posait aucun problème majeur jusqu’à l’arrivée des premiers Mac Retina. Les MacBook Pro en 2012, puis les iMac en 2014 ont obligé les développeurs de Cupertino à revoir les fondations graphiques d’OS X, mais cela n’a pas toujours suffi. Avec OS X El Capitan et l’adoption de Metal, Apple a préféré changer de fondations et partir sur de nouvelles bases. Pari réussi ?
Précisons avant de poursuivre que Metal est réservé aux Mac sortis depuis 2012. Si votre ordinateur est plus ancien, vous ne bénéficierez pas de ces gains performances avec OS X El Capitan, en tout cas pas en ce qui concerne les jeux et les logiciels graphiques.
Le capitaine plus confortable avec la 5K
Pour répondre à cette question et savoir si OS X El Capitan fait mieux que son prédécesseur en matière de fluidité de l’interface, quoi de mieux que les écrans 5K ? Depuis la sortie des premiers iMac Retina équipés d’un moniteur 27 pouces 5K, nous avons eu l’occasion à plusieurs reprises d’évoquer ce problème.
Sauf à avoir une carte graphique très puissante, OS X Yosemite n’est pas capable de gérer la 5K sans des ralentissements permanents. Disons-le, il est quasiment impossible d’utiliser OS X sur un écran 5K et seul le Mac Pro ou un iMac Retina haut de gamme peuvent assurer cette tâche sans trop de problèmes (lire : OS X Yosemite n’est pas fait pour la 5K). Fort heureusement, la situation est en net progrès avec OS X El Capitan, comme cette vidéo le montre bien.
Avec un iMac Retina d’entrée de gamme, un modèle équipé d’une carte graphique Radeon R9 M290 signée AMD, d’un Core i5 et d’un disque dur, Mission Control est enfin fluide, du moins la majorité du temps. Comme sur tous les Mac Retina, il arrive parfois que l’on ait des ralentissements, mais c’est bien mieux que sous OS X Yosemite. À condition de rester à la définition logique par défaut (2560 x 1440 px), on a un système fluide et agréable au quotidien, malgré quelques ralentissements qui restent épisodiques et qui seront peut-être corrigés au fil des bêtas.
Si on veut augmenter la définition logique (c’est l’un des points forts des écrans Retina, cette page de notre test de l’iMac Retina explique tout ce qu’il faut savoir), OS X El Capitan a un petit peu plus de mal. On le voit dans la deuxième partie de la vidéo, les ralentissements sont plus fréquents et plus nets. Néanmoins, la norme reste la fluidité et il n’y a plus ces attentes de trois ou quatre secondes uniquement pour afficher Mission Control. Par ailleurs, le passage d’un bureau virtuel à un autre est parfaitement fluide, ce qui n’était pas le cas avec Yosemite.
Certes, Mission Control a été revu avec OS X El Capitan et il affiche moins d’informations par défaut, puisque l’on ne voit pas un aperçu des différents espaces (bureaux et applications en plein écran). Cela ne suffirait pas à expliquer les gains de performances toutefois, et Metal a incontestablement une part de responsabilité dans ces améliorations.
Tout n’est pas parfait, mais on sent que la 5K attendait OS X El Capitan pour devenir une option viable. Le MacBook Pro Retina 15 pouces haut de gamme est peut-être encore un petit peu juste connecté à l’écran 5K de Dell, mais cette configuration « ultime » est tout à fait envisageable, surtout si on reste aux définitions par défaut.
On espère que les progrès d’OS X El Capitan seront encore accentués pendant l’été, au fil des bêtas. On peut déjà saluer l’effort accompli par les ingénieurs de Cupertino : le nouveau système est vraiment plus fluide avec les écrans 5K, et encore plus avec les écrans moins complexes à gérer. Les iMac Retina seront enfin tous utilisables normalement, même les modèles d’entrée de gamme. L’attente d’un an reste scandaleuse, mais ses utilisateurs auront au moins une solution gratuite à ce problème.
Du mieux un petit peu partout
Metal est un pilier important pour expliquer les améliorations de performance dans OS X El Capitan, mais ce n’est pas le seul domaine où Apple a fait des progrès. Sur la page dédiée au système, le constructeur avance d’autres chiffres, dans des domaines variés : lancement des logiciels, affichage d’un PDF dans Aperçu ou même ouverture d’un mail. Il y en a pour tous les goûts et les gains annoncés sont parfois importants : quatre fois mieux dans le cas d’Aperçu.
Difficile de mesurer chaque point précisément, mais après quelques jours passés avec OS X 10.11, on a bien noté des progrès. Par exemple, sur l’iMac Retina d’entrée de gamme équipé d’un disque dur, le lancement des applications est visiblement plus rapide. La mise à jour ne transforme pas le disque en SSD, n’exagérons rien, mais on économise quelques rebonds à chaque lancement. La différence est sensible, à la fois à l’ouverture de l’application et pour passer de l’une à l’autre.
Nous sommes plus sceptiques sur l’ouverture quatre fois plus rapide d’un PDF dans Aperçu : il y a bien une différence, mais elle nous semble beaucoup plus légère que cela. En revanche, le logiciel est capable de zoomer et de se déplacer dans les fichiers les plus complexes — comme cette carte du réseau de transports en commun à Lyon — beaucoup plus facilement avec OS X El Capitan. Sur le même Mac, là où l’Aperçu de Yosemite se bloque à chaque fois le temps d’afficher le contenu, la nouvelle version reste toujours fluide et affiche l’information nettement plus vite.
Mail est censé afficher son premier message deux fois plus rapidement qu’avant. Sur ce dernier point listé par Apple, disons-le, nous n’avons rien remarqué. Mais c’est peut-être parce que le client mail, dans la première bêta d’OS X El Capitan, est loin d’être aussi stable et dépourvu de bugs qu’on le souhaiterait.
Pour finir, nous avons installé OS X El Capitan sur deux Mac légers en matière de performance : le tout nouveau MacBook d’une part, et l’un des plus anciens modèles compatibles, un MacBook de début 2009. Le premier, dans sa version entrée de gamme (Core M 1,1 GHz), est nettement plus fluide qu’OS X Yosemite, en particulier en ce qui concerne Mission Control. Cet ordinateur assez léger sur le plan des ressources va vraiment profiter de la mise à jour.
Le deuxième, avec son Core 2 Duo d’un autre temps, bénéficie également de la transition. C’est mieux que sous 10.10 et à condition de désactiver la transparence d’OS X, c’est même aussi fluide qu’on pourrait l’espérer.
Depuis OS X Mountain Lion, Apple n’a jamais retiré de Mac à sa grille de compatibilité. Année après année, les mises à jour d’OS X restent compatibles avec des Mac sortis en 2008, ce qui est déjà une belle prouesse. Et OS X El Capitan fait encore mieux, puisque même les Mac les plus anciens devraient bénéficier d’une accélération en faisant la mise à jour. On peut féliciter le constructeur sur ce point.
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